- Home
- Après la mort(2)
Après la mort(2)
Après la mort, lors du jugement particulier, l’âme revoit toute sa vie dans la lumière de Dieu, et elle a alors une claire conscience de son état : elle est amie de Dieu ou ennemie de Dieu. Ce sont les actes posés pendant que nous sommes dans notre corps qui fixent notre éternité. La rencontre de la lumière divine à l’instant de la mort, fait connaître à l’âme ce qu’elle a choisi d’aimer par-dessus tout : Dieu ou une créature, par conséquent elle se trouve soit en état de grâce, soit en état de péché.
Dès que l’âme est séparée du corps, la volonté de la personne est définitivement fixée dans le dernier choix libre qu’elle a fait avant de mourir. Il n’y a aucune possibilité pour la volonté de changer après la mort. Cette volonté est le plus souvent fixée par tous les actes pendant notre vie terrestre : l’arbre tombe du côté où il penche.
Trois cas sont possibles:
-l’âme est en état de grâce, c'est-à-dire qu’elle possède en elle cette qualité surnaturelle créée par Dieu, qui la rend participante de la nature divine. Sous la lumière de Dieu, elle constate qu’elle est pure de tout péché et qu’elle a expié par ses pénitences, ses prières et ses bonnes œuvres, toutes les peines dues aux fautes de sa vie passée. Cette âme est parfaitement sainte, totalement unie à Dieu, et peut donc entrer directement au Ciel pour vivre du bonheur éternel avec Dieu.
-l’âme est en état de grâce, mais il reste en elle des péchés véniels non pardonnés, ou des peines temporelles non expiées. Comme rien de souillé ne peut se présenter devant Dieu, cette âme va alors prendre le chemin du purgatoire pour s'y purifier et se préparer ainsi à entrer dans la communion d’amour avec Dieu. Le temps de purification dépend du nombre et de l’importance des fautes à réparer.
-l'âme réalise, sous la lumière de Dieu, qu’elle a choisi d’aimer par-dessus tout une réalité finie au lieu de choisir Dieu qui est le Bien infini. Elle a fait d’une idole le but ultime de sa vie : l’argent, les plaisirs, le pouvoir, la science, une personne, elle-même, ou d‘autres choses. Cette âme a voulu par dessus tout quelque chose d’autre que l'amour de Dieu et elle est par conséquent séparée de Dieu, c’est en cela que consiste le péché mortel. Elle va alors se diriger vers le lieu qui convient à son choix, le lieu réservé à ceux qui ont refusé jusqu’au dernier instant de leur vie terrestre d’aimer Dieu, à savoir l’enfer.
L'enfer
Nous ne pouvons pas être unis à Dieu à moins de choisir librement de l’aimer. Mais nous ne pouvons pas aimer Dieu si nous péchons gravement contre Lui, contre notre prochain ou contre nous-mêmes : " Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quiconque hait son frère est un homicide ; or, vous savez qu’aucun homicide n’a la vie éternelle demeurant en lui " (1 Jn 3:15). Mourir en péché mortel sans s’en être repenti et sans accueillir l’amour miséricordieux de Dieu, signifie demeurer séparé de Lui pour toujours par notre propre choix libre. Et c’est cet état d’auto-exclusion définitive de la communion avec Dieu et avec les bienheureux qu’on désigne par le mot " enfer ".
Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (péché mortel), et y persister jusqu’à la fin. Il n’y a pas d'échec à la miséricorde divine : Dieu ne nous programme pas à y tomber, et nous donne les moyens suffisants pour l’éviter. On va en enfer volontairement, par obstination ; c’est une auto exclusion définitive de l'amour de Dieu. Conséquence d’un choix libre contre Dieu (l’endurcissement volontaire dans le péché mortel et l’impénitence finale), l’enfer est la preuve la plus forte de la liberté humaine.
L’enfer est un "lieu de tourments", comme l'appelle dans l'Évangile, le mauvais riche qui s'y trouve (Luc 16:28), où ceux qui meurent en péché mortel auront à souffrir pour l'éternité, et où chacun de leurs sens sera d'autant plus tourmenté qu'il aura servi à offenser Dieu. "Par où quelqu'un a péché, c'est par là qu'il est tourmenté".
La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu, en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé.
La seconde peine sera un perpétuel remords de la conscience. Le damné sera tourmenté dans sa mémoire par le souvenir constant des fautes par lesquels il se sera perdu, par le souvenir des années que le Ciel lui donna pour se sauver, et des grâces recues de Dieu et dont il ne voulut pas profiter. Il pensera aux bons exemples de leurs compagnons, aux sermons écoutés, aux avis de ses confesseurs, aux bonnes inspirations qui l'ont pressé d’abandonner le péché…En se rendant compte qu’il n’y a maintenant plus de remède, il éclatera en hurlements de désespoir. La volonté, alors, n’aura plus jamais ce qu’elle désire, au contraire, elle souffrira tous les maux. La raison comprendra le grand bien qu’elle a perdu ; l’âme du damné, séparée du corps, a vu après la mort la beauté et l'Amour de Dieu, et sera tourmentée dans son intelligence, parce qu'il comprendra à la fois la grandeur du bien qu'il a perdu en perdant Dieu, et son impossibilité de ne jamais la retrouver. Ce qui fait l'enfer, c'est ce malheur d'avoir perdu Dieu. Saint Augustin explique que si les damnés jouissaient de la vue de Dieu, ils ne sentiraient plus aucune souffrance, et l'enfer se changerait en paradis. Or, la peine du damné est infinie, parce qu'il y a pour lui la perte de Dieu, qui est un bien infini. L'enfer peut donc se comprendre tout entier dans la parole de condamnation du Christ : "retirez-vous de moi, vous qui commettez l'iniquité" (Matthieu 7:23).
De toutes les peines physiques que le damné souffre dans ses sens, la plus intense sera celle d'un feu dévorant qui ne s'éteint jamais. Le feu de notre monde et le feu de l'enfer diffèrent tellement que, mis à côté l'un de l'autre, le premier ne conserve plus que l'apparence du feu; et, comme dit saint Augustin, "ce n'est du feu qu'en peinture". Saint Jérôme ajoute que ce feu fera ressentir tous les tourments, toutes les douleurs que l'on souffre sur cette terre, douleurs de côté, de tête, de ventre... "Par le seul supplice du feu, dit-il, les pécheurs subissent en enfer tous les supplices". Il n'y a même pas jusqu'au supplice du froid que ce feu ne fasse endurer.
Les maux de l’enfer ne sont en ce moment que pour les âmes, car pour le moment, il n’y a que les âmes qui soient au paradis ou en enfer. Mais après la résurrection de la chair, les hommes seront ou heureux ou tourmentés pour toujours dans la plénitude de leur nature, c’est-à-dire en corps et en âme. Cependant, dans un ultime acte de Miséricorde, Dieu ne permet pas que les damnés souffrent autant que ce que les démons souffrent en enfer. Les peines de l’enfer pour les damnés seront égales dans leur substance et leur éternelle durée, mais elles seront plus grandes ou moindres selon la gravité des actions de chacun pendant leur vie terrestre.
En plus du feu, chaque sens souffrira sa propre peine. La vue sera obscurcie par la fumée et les ténèbres, et, en même temps, atterrés par la vision horrible des démons et des autres damnés. L'enfer est comme une prison fermée de toutes part, où jamais ne pénétrera la moindre lumière. En ce monde le feu éclaire, mais en enfer il ne fera plus l'office d'éclairer, mais seulement de brûler. Et pourtant, malgré ces ténèbres, les damnés apercevront la laideur des autres damnés, et verront les démons prendre les formes les plus horribles et les plus épouvantables. L'ouïe sera tourmentée par les hurlements continuels, les plaintes et les blasphèmes de tous les damnés. L’odorat sera tourmenté au maximum par des odeurs horribles, et le goût par le supplice de la faim et de la soif. Le mauvais riche de l'Évangile demandait, comme grâce suprême, une seule goutte d'eau, mais elle lui fut refusée, et jamais il ne l'obtiendra. Ainsi les damnés, dévorés par la soif et la faim, tourmentés par le feu, pleureront, crieront et se désespéreront, souffrant en plus de ces peines physiques la compagnie continuelle de Lucifer et des autres démons, et ayant conscience que leur sort ne changera jamais.
Ceux qui vont en enfer n’en sortiront jamais, et souffriront tous ces supplices pour l'éternité. Si un ange apportait aux damnés la nouvelle que Dieu les sauvera quand ils auront passé autant de millions de siècles en enfer qu’il y a de gouttes d’eau dans l'océan, cette nouvelle leur apporterait une énorme consolation. Mais des millions de siècles passeront, et l’enfer sera toujours à son commencement. L'enfer pourrait-il être d'une durée limitée? Les anges possèdent une très forte volonté, et leurs décisions sont irrévocables, c'est pourquoi les démons ne peuvent pas se repentir des décisions méchantes qu'ils ont prises. La même chose arrive avec les âmes des damnés : après la mort, leur volonté demeure fermement dirigée vers le malheur, et ils ne peuvent plus se repentir. Les paroles du Curé d’Ars nous disent l’essentiel : "Je vous aime, ô mon Dieu. Je ne désire le ciel que pour avoir le bonheur de vous y aimer toujours. Je ne redoute l’enfer que parce que l’on y aura jamais la consolation de vous aimer". Toujours, jamais, c’est définitif.
La Sainte Vierge Marie, lors des apparitions de Fatima, nous apprend que nous pouvons, par nos prières et pénitences, empêcher des âmes de tomber en enfer. Lors de la 3e apparition, elle montre l’enfer aux trois enfants, Lucie, Francesco et Jacinta, puis elle explique : "Vous avez vu l’enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs" (13 juillet 1917). "Priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs. Car beaucoup d’âmes vont en enfer parce qu’elles n’ont personne qui se sacrifie et prie pour elles" (19 août 1917).
Le Ciel
Par sa mort et sa Résurrection Jésus-Christ nous a ouvert les portes du Ciel. La vie des bienheureux consiste en la possession en plénitude des fruits de la rédemption du Christ, qui associe à Sa gloire ceux qui ont cru en Lui et suivi Ses enseignements, et ceux qui ont vécu dans la charité.
L’âme éprouvera en entrant au Ciel une grande joie. Ses parents et amis viendront la recevoir, et elle verra la splendeur, la beauté et la multitude des anges et de tous les saints qui louent et bénissent leur créateur. Ils vivront toujours joyeux, il n'y aura pour eux plus de souffrance, ni d’ennui, de larmes, de mal physique ou moral, ni rien pour troubler leur bonheur. Mais la plus grande joie au Ciel, c'est la vision de Dieu. Le bonheur des élus consiste à voir, à aimer et à posséder pour toujours Dieu, source de tout bien. Comme le soleil illumine et embellit le monde, Dieu illumine par sa présence tout le paradis et emplit ses habitants de joie. Saint Pierre qui, pendant la Transfiguration, vit le visage de Jésus rayonnant de lumière, se sentit tellement heureux qu’il s’exclama : "Seigneur, qu’il est bon d’être ici !" (Matthieu 17:4). Quel bonheur pour les élus de pouvoir contempler la beauté de Dieu, non pas un instant mais pour toujours, Lui qui comble d’amour les anges et les saints, qui emplit de beauté tout le Ciel ! Tous les chœurs des anges et des saints chanteront Ses louanges pour les siècles des siècles. Dans la gloire du Ciel, les bienheureux continueront d’accomplir avec joie la volonté de Dieu par rapport aux autres hommes et à la création toute entière.
Cette communion de vie et d’amour parfaite avec la Sainte Trinité, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est ce qu'on appelle "le Ciel". C'est la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, un état de bonheur suprême et définitif avec Dieu. Nous ne pouvons pas comprendre parfaitement le bonheur du Ciel, parce qu’il surpasse les connaissances de notre esprit limité, et parce que les biens du ciel ne peuvent pas se comparer aux biens de ce monde.
Le Purgatoire
Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais sans avoir été entièrement purifié de leurs péchés, bien qu’assurés d'entrer un jour au Ciel, vivent après leur mort un temps de purification dans ce que l'on appelle le Purgatoire, afin d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du Ciel .
Les souffrances du purgatoire sont temporelles. La première est la plus douloureuse, et consiste en une privation temporelle de la vision de Dieu. La seconde est la peine des sens. Ce sont diverses souffrances, que l’on exprime souvent en mentionnant un feu spécial qui purifie (1 Cor 3:15). Les douleurs du Purgatoire, bien que légères comparées aux souffrances de l'enfer, sont d'une intensité supérieure aux souffrances de notre vie terrestre. C'est pourquoi l'Église nous demande de ne pas oublier les âmes du Purgatoire dans nos prières, et de nous efforcer autant que possible de réparer nos péchés pendant cette vie afin que notre temps à passer au Purgatoire soit plus court. L’Église recommande aussi les aumônes, les indulgences et les œuvres de pénitence en faveur des défunts.
Jésus-Christ nous dit que si quelqu’un a prononcé un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni dans le monde présent ni dans le monde à venir. (Matthieu 12:31). Cela nous fait comprendre que certaines fautes peuvent être remises pendant notre vie terrestre, mais que les péchés véniels non pardonnés ou non réparés pendant notre vie terrestre devront être réparés par ce temps a passer au Purgatoire. L'existence du Purgatoire s’appuie aussi sur la pratique de la prière pour les défunts dont parle déjà l'Ancien Testament : "Voilà pourquoi il fit faire ce sacrifice expiatoire pour les morts, afin qu’ils fussent délivrés de leur péché " (2 Macchabées 12:46). Dès les premiers temps, l’Église a honoré la mémoire des défunts et leur a offert des prières et actions, en particulier le sacrifice eucharistique, afin qu'ils soient purifiés et parviennent rapidement à la vision béatifique de Dieu.
En vertu de la communion des saints, les messes, les prières, les pénitences et les œuvres indulgenciées nous permettent d’aider les âmes du purgatoire à entrer plus rapidement au ciel. Ces âmes ne peuvent rien faire pour elles-mêmes après la Mort, mais nous pouvons quelque chose pour elles.