
Le péché est une notion fondamentale, qui explique la notion de la grâce divine : l'homme est uni à Dieu par la grâce. Rien ne peut détruire cette union, mais l'homme, dans sa liberté, peut la refuser ou l’abîmer. Le péché est tout ce qui détruit ou empêche cette union à Dieu. C'est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. Il blesse la nature de l’homme et porte atteinte à la solidarité humaine et entraîne un éloignement de la justice et de la vérité de Dieu qui est amour. Le péché peut être commis de quatre façons différentes : pensée, parole, action, omission.
En opposition au péché, il y a la miséricorde de Dieu."Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donne son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour le juger, mais pour que par Lui, le monde soit sauvé." (Jean 3:16) L’Evangile est la révélation, en Jésus Christ, de la miséricorde de Dieu pour les pécheurs. L’ange l’annonce à Joseph : " Tu lui donneras le nom de Jésus : car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés " (Matthieu 1:21). Il en va de même de l’Eucharistie, qui est le sacrement de la Rédemption : " Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, qui va être répandu pour beaucoup, pour la rémission des péchés " ( Matthieu 26:28). Dieu s'est fait homme en la personne de Jésus-Christ, venu pour sauver les hommes en prenant sur lui leurs péchés. Par les souffrances de sa Passion, le Christ a racheté l'humanité, réparant tous les péchés passés et à venir. L'Église, qui est le corps mystique du Christ, peut disposer des mérites du Christ, et a le pouvoir de remettre les péchés. "Recevez le Saint-Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." (Jean 20:23)
Tout péché est une offense faite à Dieu : "Contre toi, toi seul, j’ai péché. Ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait " (Ps 51, 6). Le péché se dresse contre l’amour de Dieu pour nous et en détourne nos cœurs. Comme le péché premier de désobéissance des anges rebelles, puis d'Adam et Eve, il est une révolte contre Dieu, par la volonté de devenir "comme des dieux ", connaissant et déterminant le bien et le mal par nous mêmes (Gn 3:5). Le péché est ainsi "l'amour de soi jusqu’au mépris de Dieu." (Saint Augustin). L’accueil de sa miséricorde de Dieu demande l’aveu de nos fautes. "Si nous confessons nos péchés, Il est assez fidèle et juste pour remettre nos péchés et nous purifier de toute injustice " (1 Jn 1:8).
Il existe 2 catégories de péchés:
- Le péché mortel détruit la charité dans le cœur de l’homme par une infraction grave à la loi de Dieu. Il coupe totalement celui qui le commet de la grâce divine, plaçant ainsi l'âme en état de mort spirituelle (séparée de Dieu) jusqu'à son absolution accordée par le ministère de l'Église dans le sacrement du Pardon, ou par un acte de contrition pour les personnes non-catholiques.
-Le péché véniel laisse subsister la charité, même s’il l’offense et la blesse. Il affaiblit la grâce divine sans la supprimer.
Le péché mortel suppose trois conditions:
-La matière du péché est grave dans son action ou dans ses conséquences (Violence démesurée, meurtre, adultère, vol important, harcèlement moral...)
-Le péché est commis en pleine connaissance.
-Le péché est commis en pleine liberté avec un entier consentement.
Le péché mortel implique un consentement suffisamment délibéré pour être un choix personnel. Les impulsions de la sensibilité, les passions peuvent réduire le caractère volontaire et libre de la faute, de même que des pressions extérieures ou des troubles pathologiques. Le péché le plus grave est celui commis par malice, par choix délibéré du mal.
Le péché mortel entraîne la perte de la charité et la privation de la grâce sanctifiante, c’est-à-dire de l’état de grâce. S’il n’est pas racheté par le repentir et le pardon de Dieu (par le sacrement du Pardon, ou par un acte de contrition parfaite pour les non-catholiques), il cause l’exclusion du Royaume de Dieu par la séparation éternelle d'avec lui, et nous conduit en enfer, par notre propre choix.
Si nos péchés ne sont pas expiés dans cette vie (par l'absolution et la pénitence), ils le seront dans l'autre, au Purgatoire. Le sacrement du Pardon, les actes de pénitence et les indulgences sont là pour effacer les péchés de l'homme pendant sa vie sur terre.
On commet un péché véniel quand on n’observe pas dans une matière légère la mesure prescrite par la loi morale (mensonge, dispute, excés dans le manger...) ou bien quand on désobéit à la loi morale en matière grave, mais sans pleine connaissance ou sans entier consentement. Le péché véniel affaiblit la charité et empêche les progrès de l’âme dans l’exercice des vertus et la pratique du bien moral. Il ne rompt pas entierement notre relation avec Dieu.
Il n’y a pas de limites à la miséricorde de Dieu, mais qui refuse délibérément d’accueillir la miséricorde de Dieu par le repentir rejette le pardon de ses péchés et le salut offert par l’Esprit Saint. Un tel endurcissement peut conduire à l’impénitence finale et à la perte éternelle. "Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l'Esprit ne sera pas pardonné" (Mt 12:31).
Il y a 5 fautes contre le Saint Esprit qui nous ferment à la grace et nous empechent donc de recevoir le pardon:
-Désespérer de son salut
-Prétendre pouvoir se sauver par soi-même
-Refuser la miséricorde de Dieu
-Douter du pouvoir de l'Eglise de pardonner les péchés par le sacrement du Pardon (pour les catholiques)
-S’obstiner dans ses péchés
Il existe 7 péchés appelés capitaux, parce qu’ils sont la source de la plupart des péchés. Ce sont l’orgueil, l’avarice, l’envie (ou jalousie), la colère, l’impureté, la gourmandise (l'avidité, vouloir toujours plus) et la paresse.
Le péché est un acte personnel, mais nous avons une responsabilité dans les péchés commis par d’autres personnes, quand nous y coopérons:
-en y participant directement et volontairement
-en les commandant, les conseillant, les louant ou les approuvant
-en ne les dénoncant pas ou en ne les empêchant pas, quand on y est tenu
Le péché rend les hommes complices les uns des autres, fait régner entre eux la concupiscence, la violence et l’injustice. Les péchés provoquent des situations sociales et des institutions contraires à la Bonté de Dieu. Les " structures de péché " sont issues des péchés personnels. Elles induisent leurs victimes à commettre le mal à leur tour.
Le péché est une faute envers Dieu, et ne correspond pas toujours à la notion de faute civile (devant la loi). Certains péchés sont condamnés par le droit civil (Le meurtre et le vol par exemple), mais d'autres ne le sont pas (L'égoïsme, la colère...) et inversement, certaines fautes civiles ne sont pas des péchés (Léger excès de vitesse sur la route, dégradation involontaire du bien matériel d'autrui...). Les deux notions peuvent même s'opposer, ainsi certaines législations qui imposent ou autorisent des actes contraires aux convictions religieuses peuvent être considérées comme incitatrices au péché (Par exemple les législations sur le divorce ou sur l'avortement).
Le remords est une conséquence du péché, du fait que l'homme possède une conscience qui lui indique s'il fait le bien ou le mal. Le remords est une douleur qui fait regretter d'avoir commis le péché, du fait des conséquences qu'il a entraîné. Le remords est naturel, il n'est pas un sentiment provoqué.
La contrition est une douleur d'avoir offensé Dieu, accompagnée de l'intention de ne pas recommencer. Elle diffère du remords dans le sens où la contrition est surnaturelle, c'est à dire provoquée en nous par la grace de Dieu.
Le repentir est le sentiment sincère d'avoir péché, accompagné de la volonté de revenir dans l'union à Dieu. Comme la contrition, et contrairement au remords seul, ce sentiment nous entraîne vers le bien.
La pénitence est la "punition" que le pécheur s'impose ou accepte pour la réparation de ses péchés. Dans des temps plus rudes et pour des péchés graves, la pénitence pouvait être un acte important, comme effectuer un pèlerinage lointain ou faire acte de repentance en public. La pénitence la plus courante consiste à réciter quelques prières pendant un certain temps. La pénitence insiste sur la réparation des dommages (restitution en cas de vol, excuses en cas d'offense, etc.) et sur l'effort à faire pour améliorer sa vie intérieure.