
Dieu, en tant que Créateur, est l'origine et la source de toutes chose, mais Il prend également soin de Sa Création, et c'est ce qu'on appelle la Providence de Dieu.
Dieu ne crée pas les choses pêle-mêle, au contraire la Création est caractérisée par l'ordre. Toutes choses viennent de Dieu selon un plan ordonné, et elles sont toutes ordonnées de nouveau à Dieu, comme leur fin ultime. La Providence renvoie donc à ce qui précède l'acte Créateur. C'est le plan dans l'esprit de Dieu pour l'ensemble de Sa Création, par lequel toutes choses viennent de Lui et sont dirigées vers Lui.
Mais le monde peut parfois sembler gouverné par le hasard, et si c'est le cas, comment alors pourrait-on expliquer la Providence Divine ?
Cette objection apparaît lorsque l'on pense à la Création comme un commencement, un instant situé dans le temps. Certains pourraient penser "D'accord, Dieu a créé le monde au commencement, mais après cela, il évolue plus ou moins tout seul, car les choses interagissent selon le hasard, sans suivre aucun plan divin". Mais il y a deux erreurs avec cette idée.
La première erreur concerne la notion de Création elle-même : la Création n'est pas simplement un point de départ dans le temps, un premier moment où l'univers commence à exister. Au contraire, la Création est une relation continue avec Dieu. Être une créature signifie recevoir l'être, être causé, participer à l'existence à chaque instant. Ainsi, être une créature, être créé, caractérise toutes choses à tout moment. Dieu ne se contente pas de faire mettre l'univers en marche avant de se retirer. Il prend soin de Sa Création a chaque instant.
La deuxième erreur est de penser que Dieu est cause des choses dans le monde de la même manière que les créatures sont causes de choses dans le monde. En tant qu'être incréé, Dieu simplement EST. Il est donc une cause totalement différente de toutes les autres causes que nous connaissons. Dieu crée et respecte les causes secondaires. Et les créatures créent vraiment, dans un sens limité, l'ordre du monde que nous voyons autour de nous, à travers leur causalité. Dieu peut provoquer des choses dans le monde par l'activité normale de ses créatures qui sont des causes secondaires dans le monde.
Mais qu'en est-il des choses qui semblent arriver par hasard ? Et qu'en est-il de la liberté humaine ?
Parce que Dieu est la cause de tout ce qui est, il n'y a aucune possibilité qu'une cause extérieure intervienne en dehors de ce que Dieu a prévu. Parce qu'en-dehors de ce que Dieu cause, il n'y a tout simplement rien. Parce que l'on peut voir des événements aléatoires dans le monde, on peut dire qu'il existe différents types de causes secondaires qui interagissent de manière complexe. Il n'existe ni pur hasard, ni pur déterminisme, mais différentes sortes de causes causées par Dieu:
-Les causes nécessaires, qui entraînent toujours ou le plus souvent un résultat particulier (par exemple les lois physiques.)
-Les causes accidentelles, qui résultent d'interactions croisées et entraînent un résultat beaucoup plus difficile à prévoir.
Prenons l'exemple de Matthieu, qui doit 20 euros à Pauline. Un jour, il va à la boulangerie sans prévenir Pauline, et Pauline va elle aussi dans la même boulangerie à la même heure, sans que Matthieu ne le sache. Ils se rencontrent et Matthieu rend à Pauline son argent. Quand Matthieu est sorti de chez lui pour aller a la boulangerie, il n'avait pas l'intention de rendre son argent à Pauline, et de la même façon Pauline n'avait pas l'intention de récupérer son argent. Mais parce que ces deux lignes de causalité se sont croisées et ont fait que Matthieu et Pauline se soient rencontres à la boulangerie, il est arrivé que Matthieu a rendu son argent à Pauline.
Dieu pourvoit à Sa Création, et Son plan englobe tout ce qui se passe dans le monde, même les choses qui semblent se produire par hasard. La liberté humaine peut influer la façon dont les choses se passent dans le monde, mais elle n'a aucune incidence sur le Plan de Dieu en général.
L’homme est un être dote de la raison, il possède donc nécessairement le libre-arbitre. Il y a dans le Monde des êtres qui agissent sans jugement, comme une pierre qui tend a tomber vers le centre de la Terre. Il y en a qui agissent avec jugement, mais pas avec liberté, comme les animaux. Un lapin qui voit un renard juge qu’il doit le fuir, mais ce jugement est purement instinctif ; il n’est pas libre parce que le lapin ne fait pas un choix concret entre plusieurs objets. L’homme au contraire juge d’après ses connaissances s’il doit fuir ou rechercher une chose. Son jugement n’est pas instinctif, mais découle de la raison, il agit avec liberté et peut choisir entre des objets opposés.
Il n’y a pas d’être qui puisse aller contre la volonté de la Providence, parce que l’ordre de la Divine Providence se rapporte absolument au bien et que tout être tend également au bien par ses actes. L’inclination des choses vient de l’impulsion qu’elles reçoivent du premier moteur ; par exemple, le mouvement d'une flèche résulte de l’impulsion qui lui est donnée par l'archer. De la même façon, l'on peut dire que les êtres qui agissent volontairement ou par instinct arrivent en quelque sorte d’eux-mêmes au but que la Providence leur a donné. Ainsi l'homme, comme toute créature, tend par ses actions à faire ce qui est bon pour lui. Lorsqu'il s’écarte du bien propre à sa nature, il ne s'oppose pas à la Providence de Dieu en général, mais seulement à Sa volonté en particulier. L'homme est libre de choisir entre le bien et le mal, mais parce que le libre-arbitre a Dieu pour cause, ce qui résulte de la liberté humaine est permis par Dieu, et fait partie du plan divin.